A la lecture de votre blog, nous avons compris que les premières années de vie d'un enfant sont décisives pour son avenir. Nous sommes tous les deux précoces et nous allons avoir un enfant. Celui-ci sera-t-il également précoce ? Et dans ce cas, comment faire pour lui éviter les problèmes associés à la précocité ?

Irène et Matthieu, les questions que vous vous posez sont des questions liées à des inquiétudes qu'ont la plupart des parents précoces : "Comment éviter à notre enfant les souffrances que l'on a endurées soi-même ? " Le premier espoir auquel on se raccroche souvent c'est d'avoir un enfant "normal". Mais les chats ne font pas des chiens. Il y a donc de très fortes chances pour que votre enfant soit aussi précoce que vous. Et c'est tant mieux ! En effet cela favorisera une bonne compréhension entre lui et vous, ainsi sa précocité trouvera naturellement sa place au sein de votre famille. C'est pourquoi mieux vous vivrez et mieux vous accepterez votre précocité, mieux il vivra et acceptera la sienne. Bien sûr, en tant que parents vous voulez prévenir les difficultés futures de votre enfant et cela est tout à fait normal. Vous avez peur que votre enfant puisse souffrir. Sachez que vous ne pourrez pas maîtriser tout ce qui lui arrivera. Beaucoup d'éléments imprévus ou extérieurs vont intervenir. Votre enfant, comme tous les enfants, sera confronté à un certain nombre d'épreuves. Néanmoins, vous pourrez l'accompagner tout au long de ces épreuves. Sachez également que l'une des choses les plus importantes que vous pourrez apporter à votre enfant est la confiance en soi. C'est en effet un outil formidable pour tracer son chemin dans la vie et, en tant que parents, vous avez un rôle essentiel à jouer pour qu'elle se développe. La confiance en soi se construit dès la naissance, c'est l'ambiance sereine dans laquelle l'enfant grandit et le regard affectueux et confiant porté sur lui par ses parents qui lui permettront de développer celle-ci. Je vous conseille le livre de Danielle Laporte : Favoriser l'estime de soi des 0-6 ans aux Editions de l'hôpital Sainte Justine - Université de Montréal (ISBN 2 922 770 43 5). Vous y trouverez en détails l'attitude à avoir afin de développer la confiance en soi de votre futur enfant. Cet ouvrage ne s'adresse pas particulièrement aux enfants précoces mais les conseils qui y sont donnés sont particulièrement adaptés aux enfants précoces ! Bien sûr, comme je vous le disais, des événements peuvent surgir qui vont peut-être entraver le bon déroulement des choses. Mais ce n'est pas parce que les premières années de l'existence sont déterminantes pour le reste de la vie que tout reste figé pour autant. Le cerveau de l'être humain fait preuve d'une flexibilité étonnante, et si nos émotions et notre vécu transforment son fonctionnement, une prise en charge adaptée permet de dénouer les blocages tant psychologiques qu'émotionnels. Pour vous, il s'agit, avant tout, de ne pas vous sentir coupable de la souffrance de votre enfant, vous ferez de votre mieux. Sachez seulement rester attentif aux souffrances lorsqu'elles surviennent afin de trouver les moyens d'y remédier. Encore une fois vous ne pouvez pas maîtriser tout ce qui va se passer pour votre enfant, mais vous pouvez infléchir son avenir en étant à son écoute et en trouvant les réponses adaptées à ses besoins. La plupart des enfants précoces n'ont pas confiance en eux, la plupart des parents précoces non plus, pourtant nul mieux que vous ne connait votre enfant. Il vous faut également apprendre à avoir confiance en vous, à découvrir vos capacités et vos limites afin de créer le cadre harmonieux dans lequel votre enfant se développera. C'est à dire qu'il vous faudra résister à la pression sociale qui s'exercera sur vous afin de vous dicter les comportements à avoir en tant que "bons parents". Votre enfant précoce s'en remet entièrement à vous afin que vous le preniez en charge dans sa différence. Il ne s'agit pas de rejeter tous les conseils, mais de savoir si ceux-ci correspondent à son cas particulier. Pour les enfants précoces, rien n'est plus important que l'ambiance familiale. Etre parent nécessite un travail sur soi-même qui consiste à prendre conscience de ses propres peurs afin de ne pas les projeter outre mesure sur son enfant. En effet les enfants, et plus particulièrement les bébés, sont des éponges à émotions. Vos angoisses peuvent être à l'origine de leurs blocages. Vous n'y pouvez rien, mais évitez de vous occuper de votre enfant lorsque vous êtes trop tendu, à ce moment là passez le relais à quelqu'un qui saura le rassurer. Apprenez également à vous détendre rapidement par des techniques de relaxation, de respiration ou de concentration qui vous permettront de conserver cette ambiance sereine si importante pour vous et votre enfant. De plus, lorsque votre enfant sera un peu plus grand, à partir de 3 ans, vous pourrez également lui apprendre à gérer ses émotions. Ce sera une deuxième chose très importante à transmettre à votre petit(e) précoce, car il ou elle devra faire face à son hyper-émotivité. Lorsque celle-ci est reconnue par la famille et qu'en plus les parents apportent des solutions pratiques à l'enfant, cela donne un cadre solide dans lequel l'enfant est en sécurité. Dès lors il ne sent pas coupable de ressentir les choses aussi fort et il apprend à gérer ses crises émotionnelles. Voilà, Irène et Matthieu, il n'y a pas de solution magique pour éviter les vicissitudes de la vie à votre futur enfant, mais prenez confiance en vous, donnez lui confiance en lui et apprenez à maintenir un climat agréable chez vous et alors votre enfant aura un environnement dans lequel il pourra s'épanouir.