Pourquoi les enfants précoces ne vont-ils pas tous bien ? - Mot-clé - Vie familiale2018-07-21T10:59:30+02:00urn:md5:ecc68e813bcc3dbc1d9a04ec425f8d2eDotclearDe l'hypersensibilité et des poissons rouges...urn:md5:f048f52bd11e7faaaa9db974d6f39b392013-02-10T17:16:00+01:002013-06-15T12:32:57+02:00Delphine GouteuxVie familialeVie familiale<p><br _moz_editor_blogus_node="TRUE" _moz_dirty="" /></p> <p>Brieuc vient de recevoir son premier animal de compagnie : un poisson rouge. L' animal aussitôt prénommé Fred'o a été installé soigneusement près du lit et depuis trois jours Brieuc, après l'avoir nourri de quelques flocons, s'endort en regardant nager Fred'o à la lueur de sa veilleuse.</p>
<p>Oui, mais ce soir, Fred'o n'est pas en forme. Il reste amorphe au fond de l'aquarium et refuse de se nourrir. Pour Brieuc, c'est le drame, son poisson, que dis-je, Fred'o, son nouvel ami est malade. Branle-bas de combat dans la maison : il faut sauver le poisson Fred'o. Au programme : changement d'eau, nettoyage de l'aquarium et des accessoires, cris, pleurs et prières... Fred'o semble retrouver un petit peu de vigueur et Brieuc au terme d'une longue soirée bien agitée finit par s'endormir d'épuisement, les yeux pleins de larmes.</p>
<p>"En quoi est-ce là de l'hypersensibilité ?, me direz-vous, N'importe quel enfant s'attache à un animal. " Je suis bien d'accord. En fait, l'hypersensibilité se situe dans la suite de l'histoire : Marianne, la mère de Brieuc, bouleversée par l'état de Fred'o ne parvient pas à trouver le sommeil. Inquiète, elle se relève plusieurs fois dans la nuit pour veiller sur Fred'o et arrive épuisée le lendemain à son travail. Bien sûr les plus sensibles d'entre-vous se demandent ce qu'est devenu Fred'o., entre-nous, un poisson rouge que vous ne connaissez même pas... Eh bien rassurez-vous, car il va bien. Cela fait maintenant plus d'un an que Fred'o et Brieuc vivent ensemble sans aucun autre problème.</p>
<p>Allez-vous me croire si je vous raconte qu'il est arrivé une histoire similaire dans ma famille. Cette fois-ci le poisson rouge n'a pas de nom, c'est qu'il appartient à des cinquantenaires qui ont passé l'âge de prénommer les poissons. Des gens sérieux, actifs et le poisson n'est qu'un objet de décoration de la salle de bain depuis plusieurs années, salle de bain dans laquelle, détail qui a son importance, est également installé la cuvette des toilettes. Ici aussi, on est précoce mais on ne veut pas le savoir. On se revendique du troupeau, français moyen dans l'âme et dans l'attitude. Les précoces ? Ce n'est surtout pas nous !</p>
<p>Seulement il arrive parfois à Monique, poussée par une envie pressante, de se lever la nuit. Et cette nuit là, Monique, qui est infirmière, voit tout de suite que le poisson ne se porte pas bien. Elle tapote sur la vitre pour le faire réagir, rien. L'aquarium est sale, le poisson sans réaction, une décision s'impose. Monique réveille Michel, son mari, et un sauvetage s'improvise au milieu de la nuit ! Monique réanime le poisson dans le lavabo tandis que Michel s'occupe du nettoyage. Au bout d'une heure le poisson semble mieux, ils retournent se coucher... Là encore, pour les plus sensibles, je confirme le bon rétablissement du poisson.</p>
<p>Ne croyez pas pour autant que l'on n'est pas précoce lorsqu'on maltraite un poisson rouge... J'ai connu une mère précoce qui s'est débarrassé des poissons rouges bien portants de ses enfants dans la chasse d'eau.</p>
<p>Monsieur Sensfelder dit que, pour ceux-là, il y a une peur de leur hypersensibilité. Cette peur conduit à des actes en opposition totale à leur fonctionnement premier. Ce n'est pas un acte provenant de leur personne mais le résultat de leur histoire.</p>
<p>Delphine Gouteux</p>
<p>Conseil pour les enfants précoces et leur famille</p>
<p>Contact : 06 64 18 46 30</p>"Nous allons avoir un enfant" (Irène et Matthieu)urn:md5:47c3e9c0ad7b08683650a95d3e70d3632010-03-29T14:51:00+02:002013-06-15T12:36:03+02:00Delphine GouteuxVie familialeVie familiale<p><br _moz_editor_blogus_node="TRUE" _moz_dirty="" /></p> <p>A la lecture de votre blog, nous avons compris que les premières années de vie d'un enfant sont décisives pour son avenir. Nous sommes tous les deux précoces et nous allons avoir un enfant. Celui-ci sera-t-il également précoce ? Et dans ce cas, comment faire pour lui éviter les problèmes associés à la précocité ?</p>
<p>Irène et Matthieu, les questions que vous vous posez sont des questions liées à des inquiétudes qu'ont la plupart des parents précoces : "Comment éviter à notre enfant les souffrances que l'on a endurées soi-même ? " Le premier espoir auquel on se raccroche souvent c'est d'avoir un enfant "normal". Mais les chats ne font pas des chiens. Il y a donc de très fortes chances pour que votre enfant soit aussi précoce que vous. Et c'est tant mieux ! En effet cela favorisera une bonne compréhension entre lui et vous, ainsi sa précocité trouvera naturellement sa place au sein de votre famille. C'est pourquoi mieux vous vivrez et mieux vous accepterez votre précocité, mieux il vivra et acceptera la sienne.
Bien sûr, en tant que parents vous voulez prévenir les difficultés futures de votre enfant et cela est tout à fait normal. Vous avez peur que votre enfant puisse souffrir. Sachez que vous ne pourrez pas maîtriser tout ce qui lui arrivera. Beaucoup d'éléments imprévus ou extérieurs vont intervenir. Votre enfant, comme tous les enfants, sera confronté à un certain nombre d'épreuves. Néanmoins, vous pourrez l'accompagner tout au long de ces épreuves. Sachez également que l'une des choses les plus importantes que vous pourrez apporter à votre enfant est la confiance en soi. C'est en effet un outil formidable pour tracer son chemin dans la vie et, en tant que parents, vous avez un rôle essentiel à jouer pour qu'elle se développe.
La confiance en soi se construit dès la naissance, c'est l'ambiance sereine dans laquelle l'enfant grandit et le regard affectueux et confiant porté sur lui par ses parents qui lui permettront de développer celle-ci. Je vous conseille le livre de Danielle Laporte : Favoriser l'estime de soi des 0-6 ans aux Editions de l'hôpital Sainte Justine - Université de Montréal (ISBN 2 922 770 43 5). Vous y trouverez en détails l'attitude à avoir afin de développer la confiance en soi de votre futur enfant. Cet ouvrage ne s'adresse pas particulièrement aux enfants précoces mais les conseils qui y sont donnés sont particulièrement adaptés aux enfants précoces !
Bien sûr, comme je vous le disais, des événements peuvent surgir qui vont peut-être entraver le bon déroulement des choses. Mais ce n'est pas parce que les premières années de l'existence sont déterminantes pour le reste de la vie que tout reste figé pour autant. Le cerveau de l'être humain fait preuve d'une flexibilité étonnante, et si nos émotions et notre vécu transforment son fonctionnement, une prise en charge adaptée permet de dénouer les blocages tant psychologiques qu'émotionnels. Pour vous, il s'agit, avant tout, de ne pas vous sentir coupable de la souffrance de votre enfant, vous ferez de votre mieux. Sachez seulement rester attentif aux souffrances lorsqu'elles surviennent afin de trouver les moyens d'y remédier. Encore une fois vous ne pouvez pas maîtriser tout ce qui va se passer pour votre enfant, mais vous pouvez infléchir son avenir en étant à son écoute et en trouvant les réponses adaptées à ses besoins.
La plupart des enfants précoces n'ont pas confiance en eux, la plupart des parents précoces non plus, pourtant nul mieux que vous ne connait votre enfant. Il vous faut également apprendre à avoir confiance en vous, à découvrir vos capacités et vos limites afin de créer le cadre harmonieux dans lequel votre enfant se développera. C'est à dire qu'il vous faudra résister à la pression sociale qui s'exercera sur vous afin de vous dicter les comportements à avoir en tant que "bons parents". Votre enfant précoce s'en remet entièrement à vous afin que vous le preniez en charge dans sa différence. Il ne s'agit pas de rejeter tous les conseils, mais de savoir si ceux-ci correspondent à son cas particulier. Pour les enfants précoces, rien n'est plus important que l'ambiance familiale.
Etre parent nécessite un travail sur soi-même qui consiste à prendre conscience de ses propres peurs afin de ne pas les projeter outre mesure sur son enfant. En effet les enfants, et plus particulièrement les bébés, sont des éponges à émotions. Vos angoisses peuvent être à l'origine de leurs blocages. Vous n'y pouvez rien, mais évitez de vous occuper de votre enfant lorsque vous êtes trop tendu, à ce moment là passez le relais à quelqu'un qui saura le rassurer. Apprenez également à vous détendre rapidement par des techniques de relaxation, de respiration ou de concentration qui vous permettront de conserver cette ambiance sereine si importante pour vous et votre enfant. De plus, lorsque votre enfant sera un peu plus grand, à partir de 3 ans, vous pourrez également lui apprendre à gérer ses émotions. Ce sera une deuxième chose très importante à transmettre à votre petit(e) précoce, car il ou elle devra faire face à son hyper-émotivité. Lorsque celle-ci est reconnue par la famille et qu'en plus les parents apportent des solutions pratiques à l'enfant, cela donne un cadre solide dans lequel l'enfant est en sécurité. Dès lors il ne sent pas coupable de ressentir les choses aussi fort et il apprend à gérer ses crises émotionnelles.
Voilà, Irène et Matthieu, il n'y a pas de solution magique pour éviter les vicissitudes de la vie à votre futur enfant, mais prenez confiance en vous, donnez lui confiance en lui et apprenez à maintenir un climat agréable chez vous et alors votre enfant aura un environnement dans lequel il pourra s'épanouir.</p>"Mes parents ne m'aiment pas" (Jane, 8 ans)urn:md5:a287ebace438212a4e4a4241635bfb692010-02-17T20:32:00+01:002013-06-15T12:36:30+02:00Delphine GouteuxVie familialeVie familiale<p><br _moz_editor_blogus_node="TRUE" _moz_dirty="" /></p> <p>Mes parents me demandent toujours de me comporter comme ils le souhaitent et ils ne prêtent jamais attention à ce que je ressens. Ils trouvent tout le temps à redire parce que je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils attendent de moi, j'essaye de leur faire plaisir mais c'est difficile parce que, dans chaque situation, il faut se comporter différemment sans que cela ne comporte aucune logique. J'aimerais être naturelle mais dès que je me laisse aller à être moi-même, c'est le déluge de reproches parce que je fais tout de travers. J'ai l'impression de vivre recluse à l'intérieur de moi-même, je ne montre jamais qui je suis, je ne dis jamais ce que je pense, c'est comme si j'étais enfermée derrière un mur de glace. Je sauve les apparences en faisant ce que me demandent mes parents mais, dans le fond, je suis vraiment toute seule. Personne ne sait qui je suis, personne ne prête attention à moi. C'est comme si je n'existais pas. J'aimerais tant avoir une vraie famille pleine d'amour.</p>
<p>Jane, tu as l'impression que tu ne peux pas être aimée, que dans le fond tu es vraiment détestable puisque, dès que tu manifestes ta véritable personnalité, tes parents te rejettent. Tu vis donc avec un masque, tu es coincée dans le rôle que tes parents veulent te voir jouer.Le rôle d'une petite fille comme les autres. Comme tu es très intelligence, tu ne t'en sors pas trop mal mais dans le fond la situation te fait profondément souffrir. Tu te sens comme indésirable.
Tu dois comprendre tout d'abord que la plupart des précoces sont comme toi. Lorsqu'ils sont "naturels", lorsqu'ils laissent leur personnalité s'exprimer, ils ont, comme toi, un comportement inadapté. C'est tout à fait normal car leur sensibilité leur renvoie une vision du monde tout à fait différente de celle des neuro-typiques, ils agissent donc selon leur sensibilité et non en fonction des schémas habituels. C'est pourquoi les précoces sont souvent décalés. Ce décalage entraîne souvent un rejet de la part des autres. Beaucoup de personnes ont besoin que tout soit normal pour se sentir en sécurité et la moindre différence leur fait peur et les rend agressifs. Le plus souvent les précoces expriment leur véritable personnalité en famille et adoptent un rôle lorsqu'ils sont en public. Ils parviennent ainsi à trouver un certain équilibre.
Dans ta situation, ce qui est insupportable, c'est que tu dois jouer ce rôle en permanence, même auprès de ta famille. Personne ne peut être heureux sans amour et tu as l'impression que tes parents n'aiment que l'image que tu donnes de toi-même et pas la petite fille que tu es vraiment. Comme tu aimes tes parents tu essayes de tenir au mieux ce rôle. Pour leur faire plaisir, tu acceptes de sacrifier ta vie. Mais parfois tu n'arrives pas à maîtriser toute la tristesse que cette situation engendre et cela t'amène à réagir fortement dans certains cas. En particulier lorsque tes parents te reprochent de n'être jamais contente ou de ne pas assez "t'éclater".
Seulement lorsque tu te laisses aller à tes émotions c'est une grande vague de tristesse qui remonte et elle ne te permet jamais d'être heureuse. Tu as besoin d'être reconnue, acceptée et appréciée pour ce que tu es afin de prendre confiance en toi et de t'épanouir, tu as besoin que le regard de tes parents valide ce que tu ressens et ce que tu vis pour pouvoir réellement exister. En l'absence de celui-ci tu n'es qu'une ombre qui épouse les désirs de ceux qu'elle aime afin de les protéger. Tu ne te construis pas, au contraire tu deviens de plus en plus vulnérable, car les attentes extérieures sont de plus en plus nombreuses et ta personnalité continue à se soustraire au lieu de s'affirmer. C'est une véritable bombe à retardement qui se met en place. Car le jour où, pour une raison ou une autre, tu ne parviendras plus à maîtriser ton rôle, c'est un véritable raz-de-marée de frustrations, de colères, de désespoirs qui va s'emparer de toi. Il se peut alors que tu te mettes à perdre tout contrôle de toi-même. Ce genre de chose peut se produire au cours de l'adolescence mais aussi bien plus tard lorsque les épreuves de la vie s'ajouteront à ton désespoir d'amour.
La deuxième chose que tu dois comprendre c'est que tes parents ont sûrement été des enfants coincés comme toi, que leurs propres parents ne leur ont pas permis de développer leur confiance en eux et que, comme toi, ils estiment que tout ce qui vient naturellement d'eux est mauvais. Les enfants coincés qu'ils étaient sont devenus des parents coincés qui ne se font pas confiance mais font ce que les autres leur disent de faire. Ils suivent les conseils qu'ils trouvent à droite et à gauche pour bien élever leurs enfants, mais s'interdisent de chercher par eux-mêmes la bonne façon de faire. Comme l'amour que tes parents ressentent pour toi est quelque chose qui ne vient pas des autres mais du fond d'eux-mêmes, ils s'empêchent de manifester ce qu'ils ressentent parce qu'ils le perçoivent comme inadapté, différent de ce les autres leur disent qu'ils doivent être. C'est une véritable souffrance pour toi comme pour eux. En effet, pour les précoces l'affectif est la chose la plus importante au monde.
Toute la famille aurait besoin d'un travail thérapeutique pour comprendre d'où vient le problème à l'origine. Le plus souvent celui-ci provient du fait que la précocité, la différence, a été perçue comme dangereuse. Par exemple, il arrive souvent que lorsqu'un enfant décède dans une famille de précoces, la famille conclut que cela ne serait pas arrivé s'ils avaient été normaux. Dès lors la famille est très angoissée dès que se manifestent des comportements précoces chez les enfants, elle a peur que cela n'entraîne leur mort. Donc pour protéger les enfants, pour qu'ils ne meurent pas comme l'autre, la famille interdit aux enfants d'être eux-mêmes. Chaque manifestation de précocité ou de différence entraîne une réaction violente de rejet de la part des parents, non pas parce qu'ils n'aiment pas leur enfant, bien au contraire, mais pour le protéger d'une mort prématurée.
Tu vois, Jane, tu n'y es pour rien dans cette histoire, elle a sûrement commencé bien avant toi. L'amour que te porte tes parents est enfermé derrière un mur d'angoisse. Il vous faudra beaucoup de courage à tous et un bon accompagnement pour simplement réussir à vous dire que vous vous aimez.</p>"Je suis accro aux jeux vidéo" (Marceau, 10 ans)urn:md5:4d30c0896afbcf8c4080f6b235e4561c2009-06-29T08:56:00+02:002013-06-15T12:39:07+02:00Delphine GouteuxVie familialeVie familiale<p><br _moz_editor_blogus_node="TRUE" _moz_dirty="" /></p> <p>Je passe tout mon temps libre sur ma console de jeux. Mes parents ne sont pas contents, ils me considèrent comme un drogué. Au collège, ça va parce que je retrouve des copains qui jouent aux mêmes jeux que moi et on échange des astuces. Je n'ai pas l'impression d'avoir de problème, je voudrais juste que mes parents me laissent jouer tranquille. Enfin, surtout mon père... il n' est pas souvent là mais quand il me voit devant l'écran, il me demande toujours d'arrêter.</p>
<p>Marceau, jouer aux jeux vidéo permet de se vider la tête. Pendant que tu partages les aventures et les émotions de ton personnage, tu ne penses à rien d'autre. C'est la même chose lorsque l'on est plongé dans un livre qui nous passionne ou dans une série télévisée. C'est une façon d'échapper à la réalité. Le fait de fuir la réalité n'a rien d'original, c'est quelque chose qui existe depuis toujours, ce sont les moyens d'y parvenir qui évoluent. Jouer aux jeux vidéo est un moyen socialement adapté et sans danger.</p>
<p>La question qui se pose c'est de savoir pourquoi tu as besoin de fuir la réalité. La plupart du temps, pour résoudre ses problèmes, il faut mieux agir. C'est à dire faire quelque chose pour modifier la situation qui pose problème ou du moins pour éviter qu'elle ne se reproduise à nouveau. Mais fuir la réalité peut être intéressant dans deux cas. Le premier c'est lorsque l'on doit attendre sans pouvoir agir. Par exemple lorsque l'on a la jambe cassée et que l'on doit rester immobile pendant qu'elle guérie d'elle-même ou encore lorsque on attend la décision du conseil de classe pour le passage en classe supérieure. Dans ces situations, il n'y a rien à faire si ce n'est essayer de rester le plus calme et le plus tranquille possible. Jouer aux jeux vidéo permet de ne pas s'énerver, de ne pas trop stresser. C'est un bon dérivatif. Le second cas dans lequelle fuir la réalité est intéressant, c'est lorsque l'on se sent impuissant devant cette réalité, ce qui est souvent le cas lorsque l'on est un enfant. Mais ce n'est pas du tout satisfaisant car dans ce cas le problème ne se résout pas de lui-même, il ne suffit pas d'attendre. On peut donc se retrouver dans une fuite en avant qui n'augure rien de bon.</p>
<p>Ce sont leurs problèmes personnels que la plupart des gens fuient dans les jeux vidéos ou dans un autre dérivatif. Il s'agit avant tout de ne pas ressentir les informations de mal-être qui proviennent de l'intérieur de soi. Pour les enfants précoces comme toi, cela peut être un peu plus compliqué. En effet les précoces sont des hyper-sensibles, ils ressentent leurs émotions mais également toutes les émotions des personnes qui les entourent. Les précoces peuvent ressentir les émotions des autres et c'est quasiment impossible de leur cacher ce que l'on ressent dès lors que l'on est prêt d'eux. C'est donc peut-être cela que tu fuis, Marceau, les émotions de ta famille, peut-être de ton père en particulier, d'où ta tendance à te réfugier dans les jeux vidéo lorsqu'il est là. Tout comme il a peut-être tendance à se réfugier dans son travail pour éviter de ressentir son malaise intérieur.</p>
<p>Souvent les parents ne comprennent pas pourquoi leurs enfants se préoccupent à ce point de leurs émotions. En fait, c'est simplement par imitation. Lorsque les enfants précoces sont bébés, leurs parents, comme tous les parents, se soucient sans arrêt de ce qu'ils ressentent. Ils apprennent à déchiffrer les pleurs de leur bébé, à interpréter les signes annonciateurs de sommeil ou de faim, à reconnaître et à encourager les signes de bien-être. C'est comme cela que se tissent les liens entre les parents et les enfants. Mais dans le cas des enfants précoces, cela se tisse également dans l'autre sens. Les bébés précoces se montreront aussi attentifs que leurs parents, car ils ont compris que c'est comme cela que l'on prouve son amour pour l'autre : en l'aidant à se stabiliser dans une zone de bien-être. Le plus souvent les enfants précoces sont très attachés à leurs parents et souhaitent leur prouver leur amour en les aidant à se sentir bien.</p>
<p>Mais s'il est facile pour un parent de rendre son enfant heureux, c'est quasiment mission impossible pour un enfant de rendre son parent heureux tellement il a peu de prise sur le monde des adultes. La seule chose que peut faire un enfant c'est d'être une présence compatissante, de partager discrètement les émotions de ses parents et d'attendre, par exemple en jouant aux jeux vidéo, que leurs parents réussissent d'eux-mêmes à résoudre leurs difficultés. Les enfants choisissent ainsi de révéler par leur comportement le mal-être que les parents veulent camoufler. Seulement Marceau, des gens que tu aimes et qui souffrent, tu en croiseras sans cesse au cours de ta vie. Tu ne pourras pas attendre indéfiniment que tout le monde aille bien pour t'autoriser à être heureux. Et même adulte, tu seras souvent impuissant devant la souffrance des autres. Être capable de compassion est une qualité exceptionnelle mais qui peut faire énormément souffrir si on ne la contrebalance pas avec une certaine sérénité intérieure.</p>
<p>Car c'est de cela qu'il s'agit Marceau, il faut que tu t'occupes un peu plus de toi-même. Non pas en échappant dans les jeux vidéo aux émotions qui te submergent mais en plongeant au cœur de tes ressentis. La première des questions à laquelle tu dois répondre concernant ces ressentis, c'est de distinguer ce qui vient de toi de ce qui provient de ton entourage. Pour cela il suffit de t'isoler lorsque l'émotion pointe le bout de son nez. Si l'émotion devient plus forte lorsque tu es seul, c'est qu'elle t'appartient. Si au contraire, l'émotion a tendance à disparaître lorsque tu es seul, c'est qu'elle provient des autres. Avec le temps, tu apprendras à faire le distinguo plus facilement car parfois les deux sortes d'émotions peuvent être mélangés. Par exemple le malaise de ton père et ta tristesse de le voir malheureux.</p>
<p>Tu dois utiliser ta capacité de compassion avec parcimonie, il est nécessaire de bien réfléchir avant de partager les souffrances de quelqu'un. Tu auras sûrement quelques occasions dans ta vie et à ce moment là ta qualité de présence sera la bienvenue auprès de la personne qui souffre. Mais le plus souvent il vaut mieux renvoyer à la personne ce qui émane d'elle. Pour cela, ferme les yeux, imagine que tu mets dans une grande boite ce qui vient de la personne et imagine que tu lui redonnes le tout. Si tu veux tu peux envoyer tout plein d'amour avec. Si tu renvoies son malaise à ton père, il ne souffriras pas plus mais peut-être prendra-t-il plus conscience de celui-ci puisque tu ne l'aideras plus à le porter. Qui sait, ce sera peut-être pour lui l'occasion de s'occuper de lui-même et d'agir pour résoudre ses difficultés.</p>
<p>Par contre, les émotions qui sont les tiennes, tu peux les vivre pleinement : elles t'appartiennent. S'occuper de soi c'est ressentir profondément tout ce qui se passe pour soi, c'est être branché en permanence sur ses propres émotions et non pas sur celles des autres ou encore sur un personnage de jeu vidéo. C'est découvrir toute la gamme de sensations que notre corps peut éprouver, c'est verser des larmes sur ses tristesses, crier de joie sur ses victoires. Il ne s'agit pas d'égoïsme mais de résonner en accord avec ce que l'on vit. Ainsi tu te construiras solidement au rythme de tes peines et de tes joies, tu apprendras à faire face aux évènements et à résoudre les problèmes plutôt que de les fuir. Tu n'auras plus besoin des jeux vidéo mais tu continueras à y prendre du plaisir lorsque tu auras décidé que c'est le bon moment.</p>"Ma chambre est en désordre" (Clémence, 16 ans)urn:md5:bc4197ce8e33a2132722b87ceaa612ae2009-06-17T16:50:00+02:002013-06-15T12:39:17+02:00Delphine GouteuxVie familialeVie familiale<p><br _moz_editor_blogus_node="TRUE" _moz_dirty="" /></p> <p>C'est la guerre avec mes parents concernant le désordre dans ma chambre. Ils sont sans arrêt sur mon dos pour que je le range. En fait, j'aimerais bien que ma chambre soit rangée mais je n'y arrive pas. A chaque fois que je commence à ranger je me sens mal, j'ai des bouffées d'angoisse alors je laisse tomber.</p>
<p>Clémence, c'est une situation classique que rencontrent la plupart des parents et des adolescents. Ta chambre est un peu comme une carapace entre toi et l'extérieur, elle est le reflet de ton rapport aux autres. Au cours de l'adolescence, tu apprends à construire ta vie. Tu fais des choix, qui ne sont pas forcément ceux de tes parents, concernant ce qui est important pour toi. Par exemple, tu vas te poser des questions sur la vie que tu aimerais mener plus tard : vivre en couple ? avoir des enfants ? gagner beaucoup d'argent ? Tu imagines déjà ce plus tard et même si tu es incapable de répondre à toutes les questions qui se présentent, quelque chose est là qui t'attire dans un sens ou un autre. Peut-être as-tu déjà pris certaines décisions.</p>
<p>Pour parler de l'adolescence Françoise Dolto utilisait l'image du homard qui change de carapace. Comme tu es sortie de l'aire de protection de tes parents et que tu n'as pas encore solidifié tes rapports aux autres, c'est ta chambre qui te sert de protection. Les monceaux de désordre qui entourent ton lit sont autant de protections contre cet extérieur qui fait si peur aux précoces. Plus tu as peur, plus tu as besoin de la carapace-désordre de ta chambre pour te sentir en sécurité, pour être à la fois à l'abri de tes parents et à l'abri de l'extérieur. C'est dans cette coquille que peu à peu tu vas te construire, réfléchir à tes choix de vie en dehors des influences extérieures. Puisque tu es précoce et donc beaucoup plus sensible que les autres adolescents, tu as besoin d'une protection très importante. Les objets de ta chambre sont comme des doudous rassurants.</p>
<p>Eh oui, tu aimerais que ta chambre soit rangée, ça voudrait dire que tu as réussi à te construire. Mais le plus souvent, on part de chez ses parents avant d'avoir terminé, le départ étant une des étapes de cette construction. Les chambres d'étudiants précoces ne sont pas toujours bien rangées : elles sont pleines de ces objets-doudous qui rappellent la maison familiale. Lorsque tu essayes de ranger ta chambre, tu démontes les protections qui te protègent de l'extérieur, c'est pourquoi tu as des bouffées d'angoisse qui montent à ce moment là. Tu ne peux pas passer d'un extrême à l'autre en quelques heures mais tu peux ranger un petit peu et laisser monter doucement ton angoisse au lieu de la refouler au fond de toi. Au fur à mesure que ton angoisse sortira, tu auras de moins en moins besoin de désordre pour te sentir en sécurité. Le véritable problème ce n'est pas le désordre de ta chambre, c'est l'angoisse que tu ressens lorsque tu ranges.</p>
<p>Tu dois également comprendre que pour beaucoup de précoces l'ordre n'est pas la même chose que pour les autres. « Rangé » veut dire où chaque objet est à sa place mais le plus souvent la place d'un objet est définie par une convention sociale, ce qui pose problème aux précoces. La plupart des précoces préfèrent inventer leur propre système de rangement, celui qui reflète leur façon de voir les choses. Par exemple, ils peuvent ranger leurs ustensiles de cuisine par couleur plutôt que par fonction ou bien ils utilisent la politique du « rangé à l’endroit du dernier lieu utilisé » puisque c'est là que l'on a le plus de chances de l'utiliser la prochaine fois. Il n'y a pas un modèle de rangement mais un lieu de vie dans lequel les habitants doivent se sentir bien. L'important est de s'y retrouver soi-même. Tu peux donc utiliser ta sensibilité, ta créativité pour inventer ton ordre à toi. Lui aussi te servira de rapport avec les autres puisqu’ il affichera ta personnalité aux yeux de tous, celle-là même que tu auras construite au fond de ton désordre.</p>
<p>Lorsque les précoces essayent d'adopter le système de rangement conventionnel, ils se confrontent à beaucoup de difficultés au quotidien. Ils ont une image de ce que doit être leur maison, ils se sentent coupables lorsque des personnes extérieures voient leur désordre, de la même manière qu'ils se sentent coupables d'être différents. Ils habitent dans un lieu qui ne leur ressemble pas et qui, comme ton désordre, leur sert de protection contre l'extérieur, ils se cachent derrière les apparences de la normalité. Derrière la question de l’ordre et du désordre se cachent beaucoup de peurs.</p>"Mon père me crie dessus" (Paulin, 8 ans)urn:md5:1a2edf37fa0d593e6122a30daca32bec2009-05-29T20:33:00+02:002013-06-15T12:41:14+02:00Delphine GouteuxVie familialeVie familiale<p><br _moz_editor_blogus_node="TRUE" _moz_dirty="" /></p> <p>Avec maman, ça se passe bien à la maison, elle m'explique les choses. Avec papa, la plupart du temps c'est super : on fait du foot, on regarde des films, on est tous les deux fans de MC Solaar, on rigole bien ensemble. Mais quand je fais une bêtise, c'est comme s'il devenait quelqu'un d'autre : il se met à crier, à me punir et rien ne semble pouvoir l'arrêter. Heureusement que maman est là pour me consoler. Je n'arrive pas vraiment à comprendre pourquoi il passe de l'un à l'autre. C'est souvent lorsque je fais des bêtises mais pas toujours. Des fois je fais des bêtises et il ne se fâche pas et des fois je n'ai rien fait et il me crie dessus. Maman aussi essaye de le calmer mais ça ne marche pas.</p>
<p>Paulin, tu es confronté à une situation assez classique. Si tu y réfléchis bien, tu comprendras que la plupart du temps, ton papa ne se comporte pas en père mais comme un copain. Il fait des choses avec toi, comme jouer au foot, regarder la télé ou écouter de la musique, mais en les faisant au même niveau que toi, c'est à dire comme le fait un enfant. Tous les adultes ont un côté enfant au fond d'eux, certains osent l'affirmer, d'autres le cachent le mieux possible. Pour ton père, jouer avec toi est l'occasion de faire ressortir son côté enfant. Cela veut dire aussi que le reste du temps il l'enfouit tout au fond de lui par exemple lorsqu'il est avec d'autres adultes ou à son travail. Souvent chez les précoces ce côté enfant est très fort car les précoces aiment beaucoup jouer lorsqu'ils vont bien. Comme tu es précoce toi-même, il y a de fortes chances pour que ton père soit précoce également.</p>
<p>Seulement Paulin, ce n'est pas le rôle d'un père que de jouer avec son fils, du moins ce n'est qu'une petite partie de son rôle. Le rôle d'un parent est d'éduquer, c'est à dire d'expliquer ce qui est bien ou mal, ce qui est important ou pas, ce qui est normal ou pas et dans le cadre de l'éducation d'un enfant précoce d'expliquer pourquoi afin que la leçon soit comprise pour pouvoir être apprise. Mais pour ton père, réussir à faire cela est très compliqué parce que toutes ces choses ne sont pas très claires dans sa tête. Si on reprenait l'histoire de ton père, on trouverait sûrement un évènement marquant pour lui qui a entraîné une très forte culpabilité d'être précoce. C'est à dire qu'un jour, dans sa tête d'enfant, il s'est dit que s'il était comme tout le monde donc s'il n'était pas précoce, ce malheur ne serait pas arrivé dans sa famille. Cette culpabilité continue d'exister et pour protéger sa famille, c'est à dire ta mère et toi, il s'empêche en permanence d'être précoce. Du coup, pour lui, le bien c'est d'être comme tous les autres, ce qui est important, c'est de ne pas être différent, ce qui est normal c'est ce que font la majorité des gens. Il s'interdit de réfléchir par lui-même pour ne pas avoir d'idées de précoce. C'est un précoce bloqué, il s'autocensure.</p>
<p>Alors, Paulin, pour te protéger, parce qu'il a très peur que le malheur arrive sur toi si tu te comportes comme un précoce, il se met en colère lorsque tu ne fais pas les choses comme les autres. Si tu fais des bêtises "normales", c'est à dire celles que font tous les enfants cela ne lui fait pas peur, il ne se fâche pas. Mais si ton attitude reflète ta précocité, qu'elle n'est pas socialement admise, cela l'effraye beaucoup et sa peur l'empêche de se maîtriser. Il se met en colère et te crie dessus. Au fond de lui, il est persuadé que ta précocité ne va t'apporter que du malheur et il essaye désespérément de t'en protéger. Je te rassure, Paulin, on peut être précoce et très heureux. La précocité n'a rien à voir avec les malheurs de la vie. Elle ne peut pas les empêcher et elle ne peut pas non plus les provoquer. Tu ne peux rien faire pour changer ton papa, Paulin mais tu peux essayer de lui poser des questions pour le connaître un peu plus. Demande-lui de te raconter ses meilleurs souvenirs, de regarder l'album photo de la famille avec toi, de parler du film après le film. Pour le reste c'est à lui seul de décider un jour de dépasser ses peurs pour commencer un nouveau chemin vers le bonheur.</p>"Je ne vais pas bien depuis que je me suis fait frapper" (Thomas, 6 ans)urn:md5:29dcdfd306bc4cc94c93d3a68cfb6dd82009-05-06T21:09:00+02:002013-06-15T12:42:46+02:00Delphine GouteuxVie familialeVie familiale<p><br _moz_editor_blogus_node="TRUE" _moz_dirty="" /></p> <p>En début d'année, tout se passait bien à l'école. Et puis un jour, sans que je comprenne pourquoi, un grand s'est jeté sur moi et m'a frappé à coups de pieds. J'aurais du me défendre mais je n'ai rien fait. Quand j'y repense, ça me terrifie, il aurait pu me blesser très gravement, j'ai eu de la chance de m'en sortir avec quelques bleus. Lorsque je suis rentré à la maison, mes parents ont dit que ce n'était pas grave et papa a ajouté que je n'avais qu'à utiliser ce que j'apprends au judo pour me défendre. Cela fait plusieurs mois maintenant, mais c'est comme si c'était tout le temps présent, je n'arrive plus à me concentrer et j'ai souvent mal à la tête.</p>
<p>Tout d'abord, Thomas, il te faut bien comprendre ce qui s'est passé pour toi. Tu t'es fait agressé sans t'y attendre. Cela a entraîné une crispation de ta part, c'est à dire que depuis il y a une tension à l'intérieur de toi qui ne se relâche pas. Tu ne peux plus te détendre comme avant car tu vis avec la peur que cela se reproduise à n'importe quel moment. Tu as l'impression que ton environnement est dangereux et que tu ne le maîtrises pas. Du coup tu es sans cesse sur le qui-vive. Cette crispation peut expliquer une partie de tes maux de tête.</p>
<p>Ensuite tu te reproches de ne pas t'être défendu. Tu penses que tu aurais du faire quelque chose pour éviter que cela n'arrive et que, puisque tu n'as rien fait, tu as l'impression d'être en partie responsable de ce qui s'est passé. Thomas, tu n'y es vraiment pour rien. Si tu n'as pas réagi, c'est que tu étais en état de sidération. C'est à dire que cette agression ne faisait pas partie du domaine du possible pour toi avant qu'elle n'arrive. Tu étais en état de choc et donc totalement incapable de réagir. Il aurait fallu que tu aies déjà envisagé la situation avant qu'elle n'arrive pour réagir. Mais ce jour là tu étais dans l'incompréhension, tu étais face à quelque chose qui, selon toi, ne pouvait pas arriver. Donc tu n'as pas pu réagir face à ce quelque chose qui ne pouvait pas exister.</p>
<p>Depuis tu as peur, une terreur rétrospective s'empare de toi. A chaque fois que tu repenses à la scène, tu es dedans comme si elle venait de se passer. La douleur que tu as ressentie à ce moment là est encore en toi, intacte. Sur le moment, tu n'as pas eu peur puisque cela ne te semblait pas réel. Mais maintenant tu réalises que cela existe pour de vrai et tu as de plus en plus peur. Cette peur bloque toutes tes émotions et t'empêche de réfléchir, elle est physique et plus forte que toi : tu es pris de tremblements et de nausées quand tu y repenses. Tu as envie de t'enfuir très loin mais, en même temps, tu sais que c'est impossible, que tu es coincé dans cette histoire.</p>
<p>Mais finalement, le pire pour toi, c'est la réaction de tes parents : le fait qu'ils n'aient pas compris que cette agression était très grave pour toi et que cela leur semblait banal, presque normal. Pour toi, cette négation du crime est pire que le crime. Jusqu'à présent, c'était eux tes points de repères. Tu comptais sur eux pour te protéger et t'aider à faire face aux difficultés de la vie et, là, tu as le sentiment d'être trahi par ceux que tu aimes le plus. Ils n'ont pas compris, ils ne t'ont pas compris. Tu te sens vraiment seul au monde et cette trahison renforce ton sentiment d'insécurité.</p>
<p>Du coup tu es complètement perdu, tu ne sais plus si ce sont tes parents qui ont raison : après tout ce n'était peut-être pas si grave, ou si c'est ce que tu as ressenti qui est exact : j'ai failli être blessé très gravement. Désormais tu as deux paires de lunettes différentes pour regarder le monde autour de toi et tu es incapable de savoir quelle est la bonne : la tienne ou celle de tes parents ? Cela est très déstabilisant et t'empêche de te construire de façon solide. Tu utilises ton intelligence pour analyser ce qui t'entoure de deux façons différentes, tu obtiens donc deux réponses différentes et c'est impossible pour toi de choisir entre les deux. Bizarrement, cela a envahi toute ta vie, même face à ton travail scolaire, tu as l'impression qu'il existe deux réponses possibles et tu te retrouves en difficulté. Tu n'arrives plus à te concentrer car tu as une double vision des choses.</p>
<p>Derrière tout cela, il y a deux grandes tristesses à faire sortir. Deux tristesses qui sont entremêlées et bloquées par la peur. C'est beaucoup trop pour que tu t'en sortes tout seul. Le premier nœud à enlever, c'est que tes parents réussissent à comprendre ce qui s'est passé pour toi. Ce n'est pas facile parce qu'ils vont se sentir coupables de ce qui t'es arrivé, ils vont également se sentir coupables de ne pas avoir réagi et, comme toi, ils auront peur rétrospectivement. Tout cela ne va pas les aider à bien réagir. Mais ils ne sont pour rien dans tout cela, ils ne pouvaient pas prévoir cette agression et c'était impossible de deviner tout ce que cela entrainait à l'intérieur de toi.</p>
<p>Lorsque tu auras retrouvé la confiance qui t'unit à tes parents, ta première tristesse pourra sortir, celle de ne pas avoir des parents aussi parfaits que tu le souhaiterais. Eh oui, les parents aussi ont leurs difficultés et leurs problèmes qui font qu'ils ne sont pas toujours à la hauteur de nos espérances. Avec le temps, réaliser que tes parents sont des personnes avec leurs qualités et leurs défauts te permettra de mieux les apprécier.</p>
<p>La deuxième tristesse, c'est celle qui est liée à ton agression. Tu as réalisé que tu vis dans un monde violent, imprévisible, alors que tu pensais que tout allait bien pour toi jusqu'à présent. C'est triste de vivre dans un tel monde. Si rien n'est fait pour te sécuriser, ta peur bloqueras ta tristesse qui restera enfermée à l'intérieur de toi. Tu construiras alors une vision du monde dans laquelle les autres seront un danger pour toi, tu en auras toujours peur. Pour arriver à faire sortir cette seconde tristesse, il faudra te sentir rassuré, par exemple avoir trouvé une solution avec tes parents pour éviter que cette situation ne se reproduise. Toi et tes parents pourraient avoir besoin d'une aide psychologique extérieure pour démêler toutes ces difficultés.</p>"Je fais des caprices pour aller me coucher" (Théo, 2 ans et 3 mois)urn:md5:224cabc741b5993299b32e5939f7370a2009-04-04T13:31:00+02:002013-06-15T12:46:31+02:00Delphine GouteuxVie familialeVie familiale<p><br _moz_editor_blogus_node="TRUE" _moz_dirty="" /></p> <p>Jusqu'à présent il n'y avait aucun problème pour aller te coucher et puis voilà que depuis quelques semaines c'est devenu impossible de te mettre au lit. Pleurs, demandes incessantes de câlins, cauchemars, tu veux bien dormir mais uniquement avec papa et maman. Bref tu te comportes comme un bébé.</p>
<p>Eh bien Théo, tout d'abord il ne s'agit pas de caprices. Ce mot là c'est celui employé par les grandes personnes qui ne comprennent pas ton nouveau comportement. Il se passe tout simplement que tu grandis. Tu viens de réaliser que le temps passe : hier, aujourd'hui, demain ces mots là prennent sens pour toi et aussi la notion de "plus jamais". Tu as compris qu'à un moment les choses s'arrêtent, qu'elles ne reviendront plus.</p>
<p>Comme tu es un petit garçon précoce, tu en as tout de suite tiré les conclusions qui s'imposent : papa, maman, ton frère, ta sœur, toute ta famille peut "s'arrêter" et ne plus jamais revenir. Tu prends conscience de la réalité de la mort. Alors évidement plus question de se séparer, tu veux rester avec ceux que tu aimes, en profiter au maximum avant qu'ils ne disparaissent. Et le soir en t'endormant tu as très peur : qu'est-ce que tu vas devenir tout seul ?</p>
<p>Il va falloir beaucoup de patience à tes parents pour te rassurer. Ce n'est pas facile de rassurer un enfant précoce. Il ne suffit pas de lui qu'il est en sécurité, que tout va bien se passer. Les enfants précoces savent que la sécurité n'existe pas, ils ont conscience de tous les dangers qui les entourent. Tes parents vont devoir t'apprendre à vivre avec ta peur, bien sûr au fil du temps elle sera moins forte parce que tu comprendras que même si le risque existe cela ne va pas arriver tout de suite. Au bout de quelques mois de patience, de câlins, de discussions autour de ta peur, tu apprendras à vivre avec et tu accepteras à nouveau d'aller te coucher sans compliquer les choses.</p>
<p>Le véritable problème se pose si ta peur se concrétise au moment où tu apprends à la maitriser : un déménagement, la mort de ton chien ou tout autre évènement important dans lequel on ne revient plus en arrière va te marquer très fortement. Alors ta peur ne disparaitra plus, tu continueras à avoir peur pendant des années et tu auras besoin de l'aide de quelqu'un pour te sortir de là. Tu te diras que c'est arrivé à cause de tes pensées, qu'elles se sont devenues réalité et que c'est de ta faute. Bien sûr ce n'est pas vrai, il s'agit simplement d'un hasard. Mais quand nos plus terribles cauchemars se réalisent, on se sent coupable et on n'a plus envie d'aller se coucher des années durant.</p>